Les voilà donc mariés, nos gentils homos de Montpellier, et tous nos vœux de bonheur les accompagnent après cette cérémonie en mondovision.
Dans l’enthousiasme et la ferveur du moment, ils se sont embrassés, enlacés, juré l’amour éternel aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain : je te donne ma langue, tu me prêtes la tienne, etc. et tralala. Saluant la foule en délire comme Albert et sa Charlène, ils ont envoyé des baisers à tous les gars du monde et confié aux médias leur vœu le plus cher : « Nous voulons très vite des enfants. »
Alors là, les garçons, comment vous dire… Sans refroidir votre enthousiasme, il va quand même falloir qu’on vous explique un truc : même si Vincent porte une cravate et Bruno un nœud papillon (symbolique qui n’aura échappé à personne), ça va pas le faire.
Pour espérer fabriquer un bébé, il faut que papa plonge son bâtonnet et dépose la petite graine dans le joli pot de yaourt de maman. Et après, ça pousse, comme un haricot dans le coton humide. Le bébé est une graine en germination pendant neuf mois et qu’on récolte à maturité.
Devant ce touchant élan, témoignage d’une pureté naïve qu’on ne voudrait pas détruire, on se dit que le gouvernement aurait peut-être dû prévoir pour ces nouveaux mariés un soutien psychologique et quelques cours d’anatomie reproductive. On a bien croisé autrefois des jeunes couples qui essayaient vainement de procréer en se défonçant le nombril (véridique). Peut-être faudrait-il alors expliquer à ceux-là que les cigognes sont occupées et les choux mal pommés pour cause d’intempéries.
Plus sérieusement, on voit se dessiner derrière toute cette histoire, derrière ce « bouleversement sociétal », comme disent les gens savants, un rêve éperdu de normalité. Ainsi, questionné lors de la première manif anti mariage pour tous, un jeune homo qui discutait ferme avec les étudiants d’en face fit, à bout d’arguments, cette réponse : « Moi aussi, je veux pouvoir changer de nom ! » (Au fait, que dit la loi là-dessus ? Accorde-t-elle à ces mariés d’un nouveau genre le droit de modifier leur nom ? Ou au moins de porter les deux ?)
C’est pour satisfaire ce désir éperdu de normalité revendiqué par quelques-uns qu’on a changé la norme pour tous. Si je me sens mal, faisons en sorte que tous se sentent mal, alors je me sentirai bien, dit le fou. La recette a été éprouvée dans bien d’autres domaines – l’éducation, par exemple. On connaît le résultat : catastrophique.
(Marie Delarue)
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