vendredi 7 décembre 2012

Tintin au Congo définitivement blanchi



(par Daniel Couvreur)
La Cour d’appel de Bruxelles a rendu son verdict dans l’affaire Tintin au Congo. Les plaintes déposées par le citoyen congolais Bienvenu Mbutu Mondondo et le Conseil Représentatif des Associations Noires de France ont été jugées « non fondées ».

Les plaignants sont condamnés à payer 110 euros à Moulinsart et à Casterman au titre d’indemnités de procédure. La justice belge a répété dans sa décision que Tintin au Congo ne pouvait être considéré comme une œuvre « raciste » ou « méchante », puisque dans cette histoire Tintin « cultive l’amitié avec le petit Coco, contribue à la paix entre deux tribus rivales, n’hésite pas à mettre sa vie en danger pour autrui et lutte contre le mal, représenté non pas par un Noir mais par un Blanc ». Il n’y avait donc aucune raison légale d’interdire cet album ni d’imposer à l’éditeur l’insertion d’une mise en garde aux lecteurs.
La Cour a ajouté que « Tintin au Congo est avant tout un témoignage de l’histoire commune de la Belgique et du Congo à une époque donnée » et que « rien ne permet d’affirmer comme le soutenaient les plaignants que les enfants du XXIe siècle, confrontés à cette bande dessinée, ne seraient pas capables de relativiser les stéréotypes du passé et de remettre l’œuvre dans son contexte historique ».
Selon la justice belge, « il ne ressort pas des dessins et des dialogues de l’album qu’Hergé avait la volonté de concevoir une bande dessinée destinée à véhiculer des idées à caractère raciste, vexantes, humiliantes ou dégradantes à l’égard des Congolais ni d’inciter ses lecteurs à la discrimination ou à la haine envers eux ». La Cour ajoute encore que « rien ne laisse penser qu’Hergé considérait que les Africains constituaient une race et qu’il entendait la comparer à une autre qui lui serait supérieure ». Clairement, « Hergé s’est borné à réaliser une œuvre de fiction dans le seul but de divertir », où il « pratique un humour candide et gentil. »
Par conséquent, la demande d’interdiction de Tintin au Congo a été définitivement rejetée car elle ne reposait pas « sur des motifs pertinents et suffisants ». La Cour n’a pas non plus accédé à l’exigence d’insérer un avertissement dans l’album parce que cela aurait constitué « une ingérence dans l’exercice de la liberté d’expression » et qu’une telle décision se serait heurtée « au droit moral sur l’intégrité de l’œuvre ». Ni Casterman ni Moulinsart ne sont, en effet, propriétaires des droits moraux sur l’œuvre d’Hergé. Ils sont détenus par Fanny Rodwell, légataire universelle du créateur de Tintin. Or elle n’était pas partie à la cause.

Source 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire