Impossible de me souvenir où le très regretté Philippe Muray a écrit que "la terreur de retomber dans l'animalité, ce qui a fait l'histoire, s'est dissipée". Muray était, hélas, perspicace, et l'ensauvagement partout se déploie, devenant l'un des grands maux à soigner dans notre époque tremblante. Cela va de la pénible fanfare qui m'oblige à fermer ma fenêtre aux viols collectifs dont l'Inde est de nouveau le théâtre. Quelques images sont arrivées jusqu'ici, je ne les décrirai pas, le plus impressionnant, c'étaient les cris.
Nous avons été contraints d'apprendre qu'il y avait bien eu, contrairement à ce qu'avaient affirmé toutes nos autorités publiques, des "vols" et des "caillassages" après le déraillement du Paris-Limoges à Brétigny. Lors des faits, quand certains sites internet avaient relayé ces informations, j'ai d'abord été horrifié, mais pas surpris, et finalement rassuré en entendant les voix officielles démentir ce que j'ai alors pris pour des rumeurs venues de l'extrême droite. J'ai pensé que, tout de même, on n'en était pas là.
Si les médias font leur travail, nous sommes au début d'un gigantesque scandale. Bien sûr, et malheureusement, mais depuis longtemps, la population est habituée à ce que ses gouvernants lui mentent. La sociologie est presque depuis sa création une science de la désinformation et la propagande de gauche tourne à plein régime, des manuels scolaires jusqu'aux campagnes d'affichage qui nous enseignent actuellement, sans qu'on n'ait rien demandé, qu'"un Français sur quatre est issu de l'immigration" (c'est écrit en très gros sous les abribus). Pourquoi nous asséner ça ? Qui vise-t-on ? Le Dupont Lajoie lepéniste, moulin d'un Parti socialiste Don Quichotte ? À quelle culpabilité renvoie-t-on ceux chez qui l'immigration de masse pose question ? Quel débat veut-on clore ? Il faudrait demander au comité central.
Quand j'ai parlé, dans un édito récent, des "barbares de Grigny", j'ai eu droit à des réactions assez violentes. On m'a accusé de "faire le jeu du Front national", une expression qui va finir par entrer dans le dictionnaire, voire d'en adopter carrément le discours. Mais on ne m'a pas dit que ce que je disais n'était pas vrai. Comme le souligne si justement Alain Finkielkraut, "les porteurs de mauvaises nouvelles, celles qui ne sont pas conformes à l'esprit du temps, s'exposent à de très dures représailles". Il y a une certaine gauche, aujourd'hui, qui est tellement atteinte idéologiquement (atteinte, oui, car l'idéologie est un mal, c'est la négation du doute) qu'elle sombre dans le négationnisme. Quand quelque chose ne correspond pas à sa grille de lecture du monde, elle affirme que ça n'existe pas et lapide en place publique quiconque oserait dissiper le rideau de fumée qu'elle s'époumone à dresser.
Les barbares sont dans la cité
Avant 2012, l'opposition et le système médiatique se chargeaient de nous empêcher de voir ce qu'on voyait. Maintenant que France Inter dirige la France, les ressemblances avec l'ère soviétique se font troublantes, et les ministères font directement oeuvre de propagande. On nous a menti, voilà. Le naufrage social-démocrate est tel que quand ses conséquences apparaissent trop graves, ses auteurs choisissent délibérément d'occulter la vérité (mais cela faisait un moment déjà que la gauche et le réel avaient divorcé).
La réalité des faits, qui se trouve dans le "rapport de synthèse des affaires marquantes du 10 au 16 juillet de la Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS)", c'est que les barbares sont non pas à nos portes, mais dans la cité (si j'ose dire) depuis une trentaine d'années. La droite n'a pas été bien efficace, mais au moins essayait-elle de faire quelque chose et regardait-elle le problème en face. La gauche, elle, considère qu'il n'y a pas de problème, un peu comme le président lorsqu'il affirme que "la reprise est là", alors que tout le monde la cherche (il faudrait qu'il nous dise exactement où elle se trouve). Or, si rien n'est fait, les oracles vilipendés par des Inrocks aveugles auront raison, et nous aurons la guerre civile, ce qui est déjà un peu le cas. Comme dit Finkielkraut avec drôlerie, il ne s'agit pas d'annoncer toujours l'imminence de la catastrophe, car elle a déjà eu lieu.
Vous allez voir que le gouvernement ne réagira pas au scandale. Il éludera. Sa parole est désormais totalement disqualifiée. Elle n'avait pas grand intérêt avant, elle est maintenant inaudible. Les pouvoirs publics sont tenus par des fous.
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