mardi 27 novembre 2012
La presse française ment sur le succès indépendantiste catalan
Après le scrutin décisif de ce week-end en Catalogne, la presse française se livre à une véritable surenchère de désinformation, allant jusqu’à évoquer une “défaite des indépendantistes”. La réalité est toute autre : le bloc séparatiste compte près de 71 députés sur 135, c’est-à-dire la majorité absolue sur fond de forts progrès de la gauche indépendantiste.
Le journal français Le Figaro (Bloch-Dassault) évoque “le pari perdu d’Artur Mas” (président de la Catalogne). L’article consacré aux élections est pour plus de la moitié la somme des réactions des chefs de partis espagnols centralistes ! Ainsi Le Figaro s’étend longuement sur les déclarations du premier ministre espagnol ou celles des chefs de la droite au pouvoir dont le représentant, pourtant, ne représente que 19 sièges… Ils sont pourtant présentés comme les grands vainqueurs ! Il faut attendre la fin de l’article pour que l’auteur, Mathieu de Tailhac, admette timidement que “les nationalistes de centre droit restent tout de même la première force en Catalogne” avec 50 sièges et que l’affaiblissement de ceux-ci profite à la gauche indépendantiste et non aux espagnolistes.
Le Nouvel Observateur quant à lui titrait “les nationalistes en chute libre”, rien de moins. Pourtant la “chute libre” en question a des allures de simple recul : de 38%, la CIU est passée à 30,5%. Le bloc nationaliste dispose toujours de la majorité relative, ce qui le place au cœur du futur gouvernement catalan.
La BBC anglaise ou Reuters quant à eux concluent très différemment : “Victoire des séparatistes en Catalogne”. Le Wall Street Journal y voit “une adhésion des Catalans à l’autodétermination”.
Et de fait, contrairement aux vessies que la presse française prend pour des lanternes, les conditions pour un objectif d’euro-souveraineté catalane sont rassemblées. La gauche indépendantiste se disant “ouverte” à un programme faisant de l’autodétermination catalane l’objectif de la prochaine législature ainsi qu’à de sérieux amendements quant à la politique économique du président sortant. C’est là, certainement, la vertu du scrutin : créer un front large allant de la gauche à la droite portant le référendum d’autodétermination. Le président Artur Mas ayant longtemps montré des signes d’hésitation sur l’émancipation totale de la Catalogne, une coalition intégrant une gauche indépendantiste plus radicale aura donc des vertus indéniables.
On comprend donc la mauvaise foi d’une presse parisienne enfermée dans son ultra-jacobinisme.
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