jeudi 24 mai 2012

Les "antiracistes" contre Google


Un médiateur a été désigné mercredi pour tenter de régler le différend entre Google et des organisations antiracistes qui demandent que le moteur de recherche ne puisse plus associer automatiquement le mot "juif" au nom de personnalités faisant l'objet de requêtes d'internautes.

Lors de l'audience en son cabinet, la juge des référés du tribunal de grande instance de Paris, Martine Provost-Lopin, a accepté, à la demande des parties le principe de la désignation d'un médiateur et fixé au 27 juin à 10H00 une prochaine audience.
Au centre du contentieux, la fonctionnalité "Google Autocomplete" ou "saisie semi-automatique", qui permet de proposer à l'internaute, quand il entre une requête dans la barre de recherche Google, d'autres demandes sur la foi notamment des requêtes faites par d'autres internautes, ce qui simplifie les recherches.

Les organisations antiracistes affirment que de nombreux utilisateurs de Google sont "quotidiennement confrontés à l'association non sollicitée et quasi systématique du terme +juif+ avec les patronymes des personnes les plus en vue dans le monde de la politique, des médias ou des affaires".

Ce faisant, Google Autocomplete enfreint la loi réprimant la constitution de fichiers ethniques, estiment l'Union des étudiants juifs de France, J'accuse!-action internationale pour la justice, SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et Mémoire 2000.

La médiation a été confiée à un ancien président du tribunal de commerce, Jean-Pierre Mattei, et son cadre sera confidentiel, a indiqué l'avocat de SOS Racisme, Me Patrick Klugman.

"On va parler de philosophie plus que de droit, et de solutions techniques plus que de savoir qui a raison et qui a tort", a déclaré aux journalistes Me Klugman, évoquant "deux approches de la liberté, deux approches aussi de la responsabilité".

"Nous sommes bien conscients que nous ne sommes pas face à un ennemi idéologique mais à un problème qui se pose avec le service de suggestion de Google", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de Google France avait expliqué mardi que les résultats des requêtes sur Google étaient "générés de manière totalement automatique, sur la base de critères purement algorithmiques correspondant notamment à la popularité des requêtes saisies par les internautes".

"Google n'établit pas ces requêtes de façon manuelle - l'ensemble des requêtes affichées au sein d'Autocomplete ont été préalablement recherchées par des internautes sur Google", avait-il dit.

Faute d'accord entre les parties au terme de la médiation, l'affaire devra être plaidée.

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