mercredi 18 avril 2012

Décryptage des présidentielles


L’élection présidentielle du 22 avril 2012 se joue désormais à quatre : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon proposent des alternatives aux politiques actuelles ; Nicolas Sarkozy et François Hollande s’inscrivent clairement dans la continuité du mondialisme libre-échangiste mais, avec l’aide des médias, ils simulent une opposition frontale.
Sarkozy : Clivons, clivons !
Le président sortant fait campagne sur « La France forte », un slogan audacieux après un quinquennat marqué par 600 milliards d’endettement supplémentaire, la perte du triple A, l’abandon du terme identité nationale, la perte du leadership en Europe, la rentrée dans l’OTAN et l’alignement de la politique étrangère sur les Etats-Unis, Israël et le Qatar. L’objectif électoral est clair : rééditer l’exploit de 2007 en siphonnant les voix du Front national au premier tour et en mobilisant la « majorité silencieuse » au deuxième tour. Le pari est risqué puisque fondé sur l’idée que les électeurs ont la mémoire-tampon du poisson rouge. Mais la stratégie est claire : accentuer les clivages et, avec l’aide des médias, scénariser avant le premier tour un duel final avec le candidat socialiste.
Marine Le Pen: la révolution bleu marine
Marine Le Pen a, elle aussi, suivi une ligne stratégique claire : la dédiabolisation. Elle a adouci son discours sur l’immigration et multiplié les propositions sur le champ économique et social, dans le cadre d’une critique globale de la mondialisation et de l’euro. Son objectif : élargir son électorat, notamment sur la gauche, sans perdre sur ses « fondamentaux ». Devra-t-elle se contenter d’un score comparable à ceux de son père ou va-t-elle capitaliser sur la situation et réussir son pari stratégique en se qualifiant pour le deuxième tour ?
Hollande : « Le changement, c’est maintenant »
Le changement : un slogan que s’échangent depuis quarante ans le PS et l’UMP dans le cadre d’une « alternance » qui a de moins en moins de contenu. Hollande parviendra-t-il à convaincre l’électorat de gauche sans affoler les adversaires de droite de Sarkozy ? Et sans endormir ses partisans ? Son atout ? Tenter de rassembler les adversaires et les déçus de Sarkozy. Bref gagner le match moins par adhésion que par rejet de l’adversaire.
Mélenchon : le trotskyste gouailleur
Le trotskyste lambertiste Mélenchon assume avec gouaille la terreur révolutionnaire et le goulag (100 millions de morts, excusez du peu !). Mélenchon s’apprête à faire le plein des voix de l’extrême gauche (13% en 2002). Sur fond de contestation anticapitaliste, à grands coups de menton et avec la bienveillance des médias, Mélenchon va-t-il dépasser ce score, voire parvenir à rattraper Marine Le Pen ou bien se dégonfler le jour du vote ? En tout cas il fournira l’un des axes de campagne du deuxième tour : « Au secours le communisme revient ! »
L’abstention : en embuscade
Les abstentionnistes seront peut-être les arbitres du scrutin. Car un nombre croissant d’électeurs nourrit des doutes sur la capacité des candidats à changer le réel, en dehors de sujets anecdotiques. Reste à savoir qui en sera la principale victime : Nicolas Sarkozy, qui a beaucoup déçu ses électeurs, François Hollande, qui n’enthousiasme guère les siens, voire Marine Le Pen, qui les perturbe parfois.
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