lundi 24 septembre 2012

Qatar : quand même un torchon pose de bonnes questions...


Par NICOLAS DEMORAND Directeur de Libération
La diplomatie fut longtemps l’apanage des «grands pays» et une autre forme de leur puissance militaire. Echappaient à la règle quelques petits Etats, assez souples, agiles et neutres pour jouer en coulisses les facilitateurs dans des situations désespérées. Avec le Qatar, c’est une autre forme de diplomatie qui s’est inventée, fondée sur une richesse presque illimitée. L’argent, surtout en temps de crise économique, est une arme imparable : qui peut y résister ? Tout comme, coup de génie, l’information : disposer de la puissance de feu d’Al-Jezira, c’est devenir un acteur capable de passer par-dessus les gouvernements pour s’adresser directement aux peuples. Soft power, disent les Anglo-Saxons pour caractériser cette modalité de la puissance politique, destinée à capter les esprits plus qu’à contraindre les corps. Car tel est bien l’enjeu : la diplomatie du Qatar a beau jouer des circuits qui définissent le monde moderne, celui de la finance, des médias de masse, du sport, du divertissement mais aussi de l’art et du savoir, elle n’est en rien une philanthropie. Pas plus en France que dans les autres pays où l’émirat déploie ses antennes et ses investissements. Voir ainsi le Qatar débarquer dans les banlieues françaises pour s’y substituer à une République impécunieuse mérite donc d’y regarder à deux fois. Quelles sont les modalités concrètes de cette intervention et les contreparties éventuelles ? Quelles seront les prochaines étapes, dès lors que la France accepte une première fois de sous-traiter à un pays étranger une partie de ses obligations souveraines ? Persistant parfum de mystère et de raison d’Etat.
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