mardi 10 juillet 2012

Google contre l'homophobie ?


Le 7 juillet, Google a lancé une campagne contre l’homophobie, intitulée « Legalize love ». Le but de cette campagne de dimension mondiale est de soutenir les droits des homosexuels dans les pays où ils sont bafoués. La campagne doit donc cibler les pays disposant d’une « législation homophobe »
D’après le dernier rapport de l’ILGA (International Lesbian and Gay Association) cela concerne 76 pays dans le monde. Ces pays engagent des poursuites sur la base de l’orientation sexuelle, poursuites qui débouchent sur des peines de prison. Cinq pays se distinguent en allant plus loin, puisque l’homosexualité y est passible de la peine de mort : l’Iran, la Mauritanie, l’Arabie Saoudite, le Soudan et le Yemen.
La carte publiée par l’ILGA met en évidence les “zones à problème” ( l’Afrique et les pays musulmans). En toute bonne logique, la campagne de Google va donc se concentrer sur… l’Europe et l’Asie.
Les deux pays choisis pour démarrer sont très significatifs. Tout d’abord la Pologne. En Pologne il faut le savoir il n’existe aucune législation réprimant pénalement l’homosexualité. Mais Google ayant décidé que comme c’était l’un des pays d’Europe les plus attachés aux valeurs chrétiennes et traditionnelles, c’était donc là qu’il fallait frapper en premier. Le deuxième choix, en Asie, c’est Singapour. Il existe effectivement à Singapour des lois qui interdisent l’homosexualité. Mais dans les faits elles ne sont jamais appliquées et plus personne ne va en prison à Singapour pour cette raison.
Mais alors, pourquoi ?
Google nous explique que l’action à Singapour vise à sensibiliser le monde de la finance à ces questions. Le monde de la finance ? Il serait plus juste de parler des grandes entreprises multinationales. Car lorsque l’on creuse un peu, les déclarations des exécutifs de Google sont édifiantes. Le but réel de l’opération n’est pas tant de promouvoir les droits de minorités sexuelles mais de bénéficier d’une main-d’œuvre mobilisable à loisir, que l’on peut déplacer partout dans le monde sans craindre pour sa sécurité. « Nous opérons dans de nombreux pays et nous avons besoin d’une force de travail mobile mondialement » déclare le directeur exécutif de Google Peter Edgecumbe. Donc “pour déplacer sans risques les salariés dans le monde entier, faisons pression” !
Parce que c’est bien de cela dont il s’agit. La campagne « Legalize love » doit d’ailleurs opérer des partenariat avec des grands groupes et faire du lobbying agressif dans ce sens, qui peut aller jusqu’au chantage à l’emploi et à la délocalisation. Les premiers sont Citigroup (banque) et Ernst&Young (cabinet d’audit).
Si Google avait l’intention de défendre les droits d’opprimés, la campagne ciblerait l’Afrique et la péninsule arabique. Mais voilà la philosophie de la tolérance selon Google : avoir des employés déplaçables à loisir pour le plus grand profit de l’oligarchie financière mondiale. Le tout dissimulé sous l’habillage de la défense de l’égalité des droits. Très moral, n’est ce pas ?

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